Le Dossier du mois - Bring back the skins*
* "Ramenez les skins" : titre phare du chanteur de skinhead-reggae Judge Dread

[ CHAPITRE I  : SKINHEAD MOONSTOMP* ]
[ CHAPITRE II  : CHAOS ]
[ CHAPITRE III : STAY RUDE ]
[ CHAPITRE IV : LES POINGS LEVES MAIS LES POINGS LIES ]
[ CHAPITRE V : POUR MA CLASSE ]
[ LIENS, DOCUMENTATION ]

Chapitre IV : LES POINGS LEVES
MAIS LES POINGS LIES*
* Titre d’une chanson du groupe Oi! français L’Infanterie Sauvage

France, début des années 80 : la deuxième génération skinhead fait des émules outre-Manche et les premières bandes de crânes rasés apparaissent à Paris. Si les skins’69 étaient tous Anglais, ceux de la vague Oi! & ska essaiment dans les autres pays. Copiant leurs frères british, les skins parisiens apparaissent dans la rue. La gare de Colombes (banlieue parisienne) serait le berceau du mouvement en France. Toutes ces bandes comme celle des Halles (avec Farid), de Bonsergent, de St Michel, Tolbiac, etc… étaient souvent composées d’arabes, de juifs, d’immigrés, ce qui ne les empêchait pas parfois de faire dans la provocation nazie pour effrayer les passants. Il est vrai qu’ils étaient plutôt «bêtes et méchants», ce qui sera plus tard le titre d'un morceau d’Evil Skins, groupe Oi!/RAC français dont le chanteur Sniff était en fait d’origine iranienne. D’autres bandes apparaissent par la suite dans Paris/banlieue et ailleurs et la scène se développe ; la Oi! surtout, avec L’InfanterieSauvage ou encore R.A.S. La plupart de ces groupes et de leurs fans étaient souvent de joyeux déconneurs, n’ayant rien à foutre de la politique, et rejetant aussi bien la droite que la gauche. Le patriotisme de la plupart des skins n'avait souvent rien à voir avec un nationalisme étroit et réducteur et R.A.S. notera l'incompatibilité du drapeau français avec le salut allemand. Par la suite, les disques du label Chaos Production vont booster la musique Oi!/Punk et ouvrir l’âge d’or de cette scène avec des groupes dont les morceaux seront souvent repris.

Si la plupart des premiers groupes skins français étaient apolitiques, cela n’empêchera pas la mouvance RAC de se développer avec des groupes comme Légion 88 (la 8ème lettre de l’alphabet étant le H, soit HH pour Heil Hitler). Pour contrer l’influence néfaste de certains groupes sur nos rasés de France, le SHARP de Beauvais se crée et fait parler de lui avant de disparaître, puis c'est le SHARP (SkinHeads AntiRacistes Populaires)/Paris-banlieue qui sort des feuilles d’info, vend des K7, donne une autre image des neuskis (souvent banlieusards, les skins parlaient le verlan bien avant les autres). Début des années 90, de nouveaux noms émergent, donnant un nouveau souffle à la scène Oi! et ska française. Certains de ces groupes sont estampillés Sharp, d’autres sont plus douteux, à chacun de savoir lire entre les lignes. Les nazis sont de plus en plus isolés de la scène et les skinheads antiracistes commencent à être connus en dehors du mouvement, donnant une autre image des skins que celle véhiculée à la télévision par les reportages sur Evil Skins, les multiples apparitions de Serge Ayoub dit "Batskin" (créateur des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires) ou par Envoyé Spécial.
Cette fameuse émission avait racheté le reportage Skinhead, la haine à la TV belge et n’hésita pas à l’amputer de l'interview d'un fan non raciste de Oi! et de celle d'un redskin (skin communiste).

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