Le Dossier du mois

Bring back the skins*
* "Ramenez les skins" : titre phare du chanteur de skinhead-reggae Judge Dread

1969 : année de naissance du reggae.
1969 : année de naissance du mouvement skinhead.
Coïncidence ? Que nenni ! : relation de cause à effet !

[ CHAPITRE I  : SKINHEAD MOONSTOMP* ]
[ CHAPITRE II  : CHAOS ]
[ CHAPITRE III : STAY RUDE ]
[ CHAPITRE IV : LES POINGS LEVES MAIS LES POINGS LIES ]
[ CHAPITRE V : POUR MA CLASSE ]
[ LIENS, DOCUMENTATION ]

Chapitre I : SKINHEAD MOONSTOMP*
*Hymne skinhead-reggae des Jamaïcains Symarip

1969 donc : dans la banlieue de Londres, les mods et leurs scooters chromés écoutent de la soul, du ska et du rocksteady avec les rude boys, jeunes Jamaïcains immigrés qui leur font découvrir la dernière musique de leur île : le reggae.
Les hard-mods, version radicalisée des mods, se coupent les cheveux courts pour suivre le look de leur reggae-star Desmond Dekker et pour ne plus se faire attraper la tignasse par les flics à cheval. Ils adoptent une tenue à la fois ouvrière : chaussures montantes de chantier (Doc Martens), manteau d’éboueur (donckey jacket) et classe : chemise cintrée (Ben Sherman), polo de tennis (Fred Perry) et bretelles. Négatif de celui des hippies, le look est défini, la musique sera l’early-reggae (le reggae des débuts) qu’ils vont propager au sommet des charts anglais (Israelites de Desmond Dekker & The Aces n°1 en 1969) et leur attitude sera simple : ne pas se laisser marcher dessus. On les voit dans les pubs, les dance-hall, la rue et les stades où ils s’illustreront parfois par la violence, mais sans histoires de racisme : les skins blancs ou noirs étaient fiers de leur pays (et de leurs origines ouvrières) mais leur apolitisme d’alors, leur contact avec les Jamaïcains et leur amour immodéré pour leurs musiques les préservaient de telles dérives.
Car c’est bien les skins anglais qui vont promouvoir le développement du reggae en Angleterre, en lui vouant une passion culte qui leur sera bien rendue en retour : les groupes reggae naissants leur consacreront nombre d’hommages dans leurs chansons (Skinhead moonstomp, Skinhead jamboree, Skinhead a message to you, etc…). D’où le nom skinhead-reggae qui caractérisera un son et une époque. Le label Trojan Records sera celui qui produira le plus de ces 45 tours de rocksteady et d’early-reggae.
Son logo, un casque hoplite (soldat de la Grèce antique),  sera l’emblème des Trojan skins et sera repris plus tard pour la création du SHARP (organisation de skins antiracistes). Un mythe est né ! Les hippies en feront les frais !

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