Le Dossier du mois - Bring back the skins*
* "Ramenez les skins" : titre phare du chanteur de skinhead-reggae Judge Dread

[ CHAPITRE I  : SKINHEAD MOONSTOMP* ]
[ CHAPITRE II  : CHAOS ]
[ CHAPITRE III : STAY RUDE ]
[ CHAPITRE IV : LES POINGS LEVES MAIS LES POINGS LIES ]
[ CHAPITRE V : POUR MA CLASSE ]
[ LIENS, DOCUMENTATION ]

Chapitre II : CHAOS*
*Hymne Oi! du groupe 4Skins

1979 : c’est le retour du ska en Angleterre, avec la vague Two-Tone, du nom du label à damier noir et blanc qui popularisera cette musique.
Le ska apparu au début des années 60 en Jamaïque était devenu rapidement la musique de référence des rude boys et des mods. Puis le rythme s’était ralenti, agrémenté d’une touche soul, et avait donné naissance au rocksteady en 66 avant de laisser la place au reggae’69. Influencé par la musique punk née deux ans auparavant, le ska refait surface mais directement en Angleterre cette fois, avec des groupes comme Specials, Selecter, ou Madness dont le tube One step beyond prendra d’assaut les charts anglais, suivi par d’autres, qui ne tarderont pas à franchir la Manche pour le plus grand bonheur des Frenchies. Cette déferlante de revival ska est évidemment adoptée par les skins anglais qui renouent ainsi avec leurs racines. En effet, ces derniers avaient quasiment disparu depuis le début des années 70. Déçus par l’orientation mystique rastafari prise par le reggae, ils s'étaient tournés vers le glam-rock et la british-pop en connaissant plusieurs évolutions (suedeheads, smoothies, etc..) mais le mouvement avait périclité. Nos petits bootboys qui s’étaient laissé repousser les cheveux reprennent la tondeuse. Les skinheads sont de retour et surfent sur la vague two-tone. Les musiciens de ces groupes sont d’ailleurs eux-mêmes bien souvent skins ou du moins influencés par le mouvement : il suffit de regarder les pochettes de disques de l’époque pour s’en convaincre. Les concerts de ska two-tone verront se mélanger punks, skinheads, rude boys et autres british kids.

Parallèlement à cela, le punk 77 - ayant donné un bon coup de pied au cul du rock'n'roll moribond - s’essouffle pour laisser la place à diverses sous-tendances comme l’anarcho-punk (ainsi que le hardcore plus tard) , mais surtout la Oi! qui émanerait de la contraction de "Hey You !" en argot cockney.
Cette musique est en fait un retour aux racines du punk, d’où sa première appellation : real punk. Le tempo est moins rapide que le punk original, plus lourd, les chœurs inspirés directement des tribunes anglaises sont omniprésents, les skins étant plus que jamais de fervents supporters de foot, pour ne pas dire les inventeurs du hooliganisme. Car la Oi! est faite pour eux, même si elle est aussi appréciée par les punks authentiques et autres rebelles avec ou sans cause.
Avec des groupes comme Cockney Rejects et autres Last Resort, cette musique de la rue, agressive et revendicatrice, est un cri de rage et exprime la fierté ouvrière. A partir de 1981, la Oi! servira de ralliement à la nouvelle génération skinhead :
Oi! Oi! music for working class.

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