Le Dossier du mois - Bring back the skins*
* "Ramenez les skins" : titre phare du chanteur de skinhead-reggae Judge Dread

[ CHAPITRE I  : SKINHEAD MOONSTOMP* ]
[ CHAPITRE II  : CHAOS ]
[ CHAPITRE III : STAY RUDE ]
[ CHAPITRE IV : LES POINGS LEVES MAIS LES POINGS LIES ]
[ CHAPITRE V : POUR MA CLASSE ]
[ LIENS, DOCUMENTATION ]

Chapitre III : STAY RUDE*
*Morceau du groupe de ska revival allemand No Sports

En Angleterre, à la fin des seventies, c’est aussi la crise qui s’installe et, la misère économique engendrant la misère intellectuelle, le National Front en plein essor fait des ravages dans la jeunesse du pays. Le mouvement skin n’est pas épargné, bien au contraire.
La violence de certains se conjuguant bien souvent avec leur bêtise, les fascistes anglais trouvent chez les skins un terrain facile pour recruter de petits S.A. Oubliant les origines prolétaires et multiculturelles censées fonder leur identité, certains crânes rasés voient leur patriotisme exacerbé et passent du côté obscur, reniant ainsi l’esprit de 69. Les naziskins font alors leur apparition, pour le plus grand plaisir des médias qui en feront leurs choux-gras, jetant l’opprobre sur tout le mouvement. L’amalgame entre nazi et skin est désormais monnaie courante dans la population via ses tabloïds, incapables de saisir l’essence du mouvement. Margaret Thatcher enfoncera le clou en déclarant vouloir crucifier tous les skinheads (ce qui donnera le mythe du "crucified skinhead"). Cette excroissance du mouvement skin développera sa propre scène musicale, le RAC (Rock Against Communism) avec des labels comme White Noise et des groupes comme Skrewdriver dont le chanteur Ian Stuart créera l’organisation Blood & Honor ("Sang et honneur" était un slogan des Jeunesses hitlériennes) qui fédérera les nazis au crâne rasé. Les skinheads traditionnels auront bien du mal à se démarquer ce cette engeance.

Mais en 1986, à New York, décidés à réagir face à la gangrène raciste au sein de leur scène, des skins fondent le SHARP (SkinHeads Against Racial Prejudice). Deux ans plus tard, en Angleterre, Roddy Moreno, chanteur du groupe Oi! antifasciste The Oppressed, reprend l’idée et crée la section britannique du SHARP.
La chose prend de l’importance et se développe dans toute l’Europe et partout où existe une scène skinhead, notamment en Allemagne avec le revival ska. Les nazis tondus se voient qualifiés du sobriquet de bonehead (tête d’os) par les Sharp skins, leur refusant ainsi l’appellation usurpée de skinhead. Car les vrais skins doivent se rappeler de leurs racines et ne peuvent être racistes, certains sont même politisés à gauche et écoutent les groupes qui retranscrivent le mieux leurs aspirations comme Angelic Upstart ou The Redskins.

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